La famille Hawkins a toujours été une famille atypique. Le genre de famille qui possède une ribambelle d’enfants mais qui ne s’en occupe pas nécessairement ou le strict minimum. Après tout, un enfant, ça se développe tout seul n’est-ce pas ? C’est du moins l’état d’esprit qu’avait Monsieur Hawkins, Jason de son prénom. Lui et sa femme Sarah n’ont engendré que de la mauvaise graine. Leur faire des cadeaux à Noël ? Pourquoi faire ? Gâter leurs enfants n’était pas dans les principes de Jason. Lui-même avait été élevé à la dure dans sa jeunesse alors autant répéter le schéma familial. Même si Sarah n’était pas vraiment d’accord avec ça. Cependant, elle n’avait pas vraiment le dessus sur son mari et son rôle premier était de s’occuper de la maison, des tâches ménagères, de s’occuper de ses enfants quand ils étaient bébés et les laisser se débrouiller quand ils devenaient un minimum autonomes. Un système un peu archaïque où les femmes sont réduites à peu de choses. Mais c’était ainsi dans cette famille et tout le monde s’en accommodait.
C’est dans ce cadre familial particulier qu’est né Thomas, un 31 octobre de l’année 1990. Il n’était pas le premier enfant du couple, bien loin de là. On comptait déjà quatre enfants avant lui, trois garçons et une fille. Il n’était pas non plus le petit dernier car viendra deux autres enfants après lui. Les petits Hawkins ont très vite appris à dépendre les uns des autres faute d’avoir des parents présents dans leur éducation. Lorsque la petite dernière fut en âge d’être prise en charge par ces grands frères, Sarah retrouva du travail en tant que femme de ménage, Jason travaillant toujours dans le bâtiment. Les enfants Hawkins étaient livrés à eux-mêmes et passaient le plus clair de leur temps à jouer dehors quand ils n’avaient pas école et ce par tous les temps. Ayant tous des âges assez rapprochés, la marmaille a toujours été soudée, une véritable meute. A l’école, ils restaient tous ensemble, ne se mêlant que très peu aux autres. Les plus grands défendaient les plus petits. Les plus petits cherchant les histoires. Thomas n’a pas fait exception. A l’image de sa fratrie, il était insupportable à l’école, ne cessant de chercher des noises à tous ceux qui l’approchaient, n’écoutant rien en classe… De la mauvaise graine, tous autant qu’ils étaient. Jason et Sarah furent de nombreuses fois convoqués par les professeurs mais ils n’en avaient que faire. Pour Jason, si ses enfants étaient durs, c'était uniquement parce que les autres étaient trop faibles. Il voulait élever des hommes, des vrais.
Mais l’enfance n’était pas si terrible que ça au final. Parce que la période de l’adolescence fut bien pire. Thomas était mauvais élève. Thomas se fichait éperdument des cours. Thomas n’avait pas de temps à perdre avec tout ça. Qui s’intéressait à l’histoire de son pays ? A quoi lui servirait le théorème de Pythagore et toutes ses conneries de calculs ? Pourquoi apprendre une nouvelle langue ? Rien ne l’intéressait. Les cours l’ennuyaient. Ce qu’il aimait, c’était boire, fumer, faire la fête, taguer des murs, voler des babioles dans les magasins, coucher à droite à gauche. Bref, une vie de délinquant qui se fichait des règles. Parce qu’il n’en avait jamais eu. Ses parents ne lui avaient jamais fixé de règles, il avait toujours fait tout ce qu’il voulait. Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Malheureusement, ce qui devait arriver, arriva. Il se fit chopper en train de voler dans une supérette. Etant majeur, la sentence tomba rapidement. Il avait écopé d’un an de prison.
Son expérience en tant que prisonnier l’avait endurci. Pendant près d’un an, après sa sortie, il se tint tranquille et trouva une activité qui l’intéressa. La mécanique. Avoir les mains dans un moteur lui occupait l’esprit, le canalisait. Et lui évitait surtout de refaire des conneries. Il se plongea corps et âme dans cette activité et son frère aîné tenant un garage en ville le prit sous son aile. Etant donné son séjour en prison, les autres employeurs de la ville étaient assez réticents pour l’embaucher. Quoi de plus normal ? Tout le monde en ville connaissait la réputation des Hawkins. Cette famille de délinquants dégénérés. Cependant, le garage avait une clientèle régulière. Le frère aîné de Thomas pratiquait des prix défiant toute concurrence. Pourquoi cela ? Parce qu’il y avait un commerce sous-jacent à tout ça. Il n’était pas un simple mécanicien automobile. Oh non. Thomas ne s’en rendit compte que quelques années plus tard. Si la journée, le garage était ouvert pour des réparations automobiles basiques, la nuit c’était une tout autre histoire. Cet endroit était un lieu de trafic en tout genre, de drogue principalement. Scott, le frère de Thomas était le principal fournisseur de cette zone. Bien loin d’être choqué par cette découverte, le jeune Hawkins décida lui aussi de mettre la main à la pâte. Après tout, c’était une affaire de famille…