Le feu de chaque jour

La famille. Les Perkins. Conventionnelle, plus qu'aisée financièrement. Les enfants, deux filles et un garçon, n'ont jamais manqué de rien. Des excès. Des vêtements, des jouets plus qu'il n'en faut. Des voyages. Et de l'amour en abondance. Entre eux, les enfants. Des rires et des pleurs, un amour inconditionnel. Ils ont été gâtés. Casey le sait. Mais, il sait aussi que l'amour ne s'achète pas et que l'affection des parents leur a manqué. Un majordome, une nourrice, c'est bien. C'est attentionné, c'est attachant, mais ce n'est pas un père, ni une mère. Ça ne peut réellement les remplacer. Les enfants Perkins n'ont manqué de rien, sauf d'un père et d'une mère.

Maeve. Il n'avait jamais cru au coup de foudre, ni même qu'on puisse aimer si fort, avant de la rencontrer. Et pourtant ce fût exactement ça. Un amour foudroyant, si intense. Trop fort, trop court. D'abord de sa voix, sa manière de bouger et d'être. Sur scène, dans la vie, dans ses bras. Elle. Finalement amical. Si bien qu'il se moquait gentiment de son attitude avec les hommes y a pas si longtemps. Avec les femmes aussi, parfois. Juste comme ça, pour s'amuser, faire perdre la tête aux hommes. Se déhanchant au rythme de la musique, attirant tous les regards. Incluant le sien. Celui de Casey. Mais, ça ne l'amuse plus. Il n'aime pas qu'on lui tourne autour, qu'on la regarde même. Il ne tolère pas qu'on lui manque de respect, qu'on la traite autrement que comme une dame. Comme jamais il ne l'a apprécié lorsqu'ils étaient ensemble, amoureux.

Zoey. Une soirée entre hommes, des billets pleins les poches. Calé confortablement dans une banquette de cuir, l'attitude et une belle gueule, quelques verres, de grosses dépenses et du plaisir. Jusqu'à ce qu'elle monte sur scène. Là, il s'est tût. Il s'est avancé  sur le siège, penché vers l'avant. Il a déposé son verre qu'on venait tout juste de lui servir sur la table, l'a presque délaissé, bien trop concentré, occupé à la contempler. Les blagues et commentaires machistes de ses camarades parvenaient à ses oreilles, lui arrachaient parfois un léger sourire, sans plus. Elle avait toute son attention. Elle a su la garder, prendre le chemin de son coeur.

Casey, il est un peu perdu. Entre son premier et son dernier amour. Le plus récent, mais aussi le dernier, qu'il espère. Il ne le dit jamais à haute voix, il est trop fier pour ça, mais il s'imagine bien vieillir à ses côtés. S'endormir tous les soirs près d'elle, la serrant dans ses bras, caressant ses cheveux jusqu'à ce que Morphée ne viennent les chercher. Et la retrouver au matin, tous les jours, jusqu'à la fin. Puis, il y a Mae. Qu'il n'arrive pas tout à fait à oublier, qu'il ne peut s'empêcher de regarder, de protéger. Ces moments, ces gestes tendres. Ce besoin viscéral de la toucher, d'être près d'elle. Ses yeux noirs qui n'arrivent pas à quitter les lèvres parfaitement dessinées de son ex, l'envie de goûter à nouveau sa bouche, une dernière fois. S'il savait...

Flying birds of Mels. Pas d'incertitude, pas d'ambiguïté. La stabilité. Ou presque. Trois gars, une fille, des tas de possibilité. L'une a pratiquement brisée le groupe, cette seconde famille. Celle qu'il a choisi, chacun des membres. Celle qu'il aime comme tel, à défaut d'en avoir une à la hauteur de ses attentes, défaillante. Et pourtant, Casey ne regrette rien. Si c'était à refaire, il ne changerait rien. Le groupe se porte bien. Il gagne en popularité un peu plus chaque jour. Le public danse, balance son corps de droite à gauche, il flotte parfois sur les notes de musique choisies, se laissant porter par la ballade, la voix sensuelle de leur chanteuse. Le public chante, aussi, accompagnant joyeusement Mae. Les paroles des chansons originales, apprises avec le temps, les touchent, rejoignent le coeur de ceux qui les aimes. Ils applaudissent. Et Casey a parfois l'impression que son coeur à lui va exploser. Terriblement fier. Souhaitant que jamais ça ne s'arrête. Ils ont tant à partager.