{Appart n°820} ft Emrys ⊰ Ne me refais jamais ça, tu m'entends? (Part 1)

a vie n’était pas de tout repos avec un enfant en bas âge à la maison. Ma vie était rythmée sur la sienne. Ne pas pouvoir subvenir aux besoins de ma famille ne me plaisait pas, mais comme l’avait dit Pepper, j’exerçais le plus beau métier du monde, sauf qu’il n’était pas rémunéré. J’avais longtemps réfléchi à ça. Et dans un sens, heureusement que je ne travaillais pas, au moins, je pouvais m’occuper de notre fille toute la journée sans avoir besoin de payer une nounou. La perspective de laisser ma fille à une inconnue ne m‘enchantait pas le moins du monde et je préférais la garder moi-même. Peut-être que je me remettrais à chercher un travail quand elle ira à l’école ? Enfin, nous n’en étions pas encore là et je comptais bien profiter d’elle et la voir grandir chaque jour. Parce que le temps passait à une vitesse folle. Notre petite puce allait déjà sur ses deux ans, alors que je me souvenais du jour de sa naissance comme si c’était hier. C’est incroyable à quel point le temps passe vite. On ne se rend compte de rien. C’est affolant.

Aujourd’hui, j’avais emmené Emma chez le pédiatre pour un vaccin et une visite de routine pour voir si tout allait bien. Elle était plus ou moins restée sage jusqu’à ce que son regard ne croise l’aiguille menaçante qui s’approchait d’elle. J’avais dû la serrer contre moi, le cœur lourd, pour la rassurer et qu’elle reste tranquille le temps que le médecin lui fasse son vaccin. Personne n’aime les piqûres et malgré sa réticence apparente, Emma ne pleura pas. Ses yeux étaient brillants sous le coup de la douleur, mais ça s’était plutôt bien passé au final. J’étais fier de mon petit trésor et je lui avais fait un gros câlin non sans vanter son courage pour la récompenser. En sortant du pédiatre pour rentrer à la maison, je passais devant l’épicerie où j’avais fait un malaise. A ce moment là, j’avais ressenti une violente douleur au thorax, telle qu’elle m’avait coupé le souffle. Depuis, on ne pouvait pas dire que j’allais mieux, mais comme d’habitude, je mettais tout ça sur le compte de cette fatigue que je ne parvenais pas à me débarrasser.

Nous étions finalement rentrés et je fus pris d’un essoufflement assez soudain. Je n’avais pourtant pas marché tant que ça. Des vertiges ne tardèrent pas à se manifester et je ressentis immédiatement le besoin de m’allonger un moment. Je déposais Emma dans le salon non loin du canapé où je me laissais tomber sur le dos. Je me sentais faible et fatigué d’un seul coup, comme si je venais de courir un marathon. Je posais un bras sur ma tête, sans quitter ma fille des yeux pour autant. « Emma ma puce, tu joues un peu avec tes jouets pendant que Papa se repose ? » Ma fille leva les yeux vers moi, curieuse. Elle en vint même à se lever pour venir me faire un bisou et repartir joyeusement vers ses jouets. Tandis que je luttais contre des nausées qui pointèrent le bout de leur nez, j’entendis Pepper rentrer. Emma ne tarda pas à lâcher tout ce qu’elle avait entre les mains pour courir vers sa mère. Pour ma part, je fermais les yeux quelques secondes, rassemblant mes forces pour essayer de me redresser. Pour le moment, je ne pouvais pas faire mieux que de m’asseoir sur le canapé.

Lorsqu’elle entra dans mon champ de vision, je n’en crus pas mes yeux. J’écarquillais les yeux et je ne pus empêcher ma bouche de s’entrouvrir. Je ne l’avais jamais vue avec les cheveux aussi courts. Ça changeait radicalement. Pourtant, je ne pouvais pas nier que ça lui allait bien. Je l’avais toujours connue avec des cheveux longs alors je n’étais pas habitué de la voir comme ça. « Wahou. Tu as tout coupé. » Quoi qu’elle fasse, elle était toujours la plus belle à mes yeux et cette coupe, bien que surprenante, lui allait à ravir. Surprenante parce que je ne m’y attendais pas, pas parce qu’elle ne lui allait pas bien entendu. Lève-toi maintenant. Il fallait que je me lève, j’en avais conscience, mais l’entreprise était bien plus difficile que prévu. Je dus puiser dans mes ultimes forces pour y parvenir. Une fois sur mes pieds, on ne pouvait pas dire que je me sentais mieux, bien au contraire. Pourtant, un sourire s’afficha sur mon visage alors que je déposais un baiser sur les lèvres de ma splendide femme. « Tu es magnifique comme ça, ça te va très bien mon cœur. » Je luttais intérieurement pour tenter de faire bonne figure alors que je sentais mon cœur s’affoler. « Tu as eu le temps d’aller chez le coiffeur après ton travail ? »

e ne m’étais jamais senti aussi mal que maintenant. Je n’étais pas bien. Je me sentais fatigué, essoufflé, j’avais chaud, des nausées se faisaient sentir et cet état commençait à m’angoisser. Qu’est-ce qu’il m’arrivait à la fin ? La fatigue pouvait réellement être la cause de tout ça ? J’avais fait un malaise récemment dans une supérette, est-ce que c’était lié ? Etais-je vraiment malade ? Je ne comprenais pas bien ce qu’il m’arrivait et je me devais de me concentrer sur ma femme qui venait de rentrer avec une toute nouvelle coupe de cheveux qui lui allait à merveille. Je ne l’avais jamais vue avec des cheveux aussi courts, ça la changeait mais en bien, je devais le reconnaitre. Peut-être que si je me focalisais sur elle, mon mal passerait ? Après tout, peut-être que tous mes symptômes n’étaient que psychologiques ? Combien de personnes tombent malades ou ressentent telle ou telle douleur juste parce qu’elles y pensent ? Je devais juste me changer les idées.

Malheureusement pour moi, elle ne répondit pas à ma tentative de dévier la conversation sur ses cheveux et elle mit le doigt sur mon état lamentable. Elle semblait inquiète, il n’y avait pourtant pas de raison de l’être. Tout allait bien se passer, comme toujours. « Ça va, ne t’inquiète pas. » Ou pas. « Je n’ai pas besoin d’aller chez le médecin, il faut juste que je mange un truc. » Je n’avais pas mangé grand-chose depuis que j’étais debout et toutes les excuses étaient bonnes pour éviter qu’elle ne s’inquiète. Je voulais la protéger pour éviter qu’elle ne retourne à l’hôpital. Elle était fragile encore et je devais tout faire pour la préserver. Déjà que l’arrivée de sa pseudo sœur chamboulait sa vie, je n’allais pas en remettre une couche. Je devais juste la rassurer, voilà tout. Mes problèmes finiraient bien par passer, non ? Cependant, mes paroles n’eurent pas vraiment l’effet escompté puisqu’elle posa la petite par terre pour attraper mon visage entre ses mains. Comment pouvais-je véritablement la rassurer quand moi-même je ne savais pas ce que j’avais ? « Ça finira bien par passer mon cœur. De la fatigue accumulée. Voilà tout. » Cela faisait des années que je ne dormais que quelques petites heures par nuit, mon corps finissait par me faire comprendre que j’avais atteint mes limites. Sauf que mes insomnies n’arrangeaient rien pour que je me repose réellement. « Ça fait des années que je n’ai eu une vraie bonne nuit de sommeil. »

Elle finit par me guider vers le canapé pour que je m’y asseye. Elle s’accroupit devant moi et posa ses mains sur mes genoux, sans me quitter des yeux. Elle agissait encore comme une mère avec moi et je n’aimais pas quand elle faisait ça. Je n’étais pas un enfant, je n’étais pas notre fille. Elle n’avait pas à agir avec moi comme si c’était le cas. « Pepper… » Je soupirais, levant légèrement les yeux au ciel. « Tu veux bien aller me chercher un verre d’eau et un truc à grignoter s’il te plait ? » Je n’avais pas envie de boire de l’eau, parce que je sentais ma bouche pâteuse, mais bon, faute de mieux. Je savais qu’elle allait partir me chercher tout ça, je ne m’inquiétais pas pour ça. Mais j’avais toujours chaud. Incroyablement chaud. Je me levais, tant bien que mal pour aller ouvrir la fenêtre et laisser ainsi un peu d’air rentrer. Je pris une profonde inspiration mais soudain, une violente douleur foudroya mon cœur et irradia jusque dans mon bras gauche et mes épaules. Ça n’allait pas. La douleur était tellement violente qu’elle me coupa le souffle et je dus poser une main sur mon torse. J’avais bien plus mal que la dernière fois et cette fois mon instinct m’intima de ne pas fermer les yeux là-dessus et de réagir au plus vite. Ma vie en dépendait, je le savais au plus profond de moi. Je me sentais partir et ce n’était plus qu’une question de secondes avant que je ne m’écroule. « Pepper… les pompiers… » Ce furent les seuls mots que j’étais parvenu à prononcer avant de perdre connaissance et de m’effondrer, tombant dans les limbes et dans le noir total.

oilà des mois que ça durait. Voire même des années. J’avais toujours senti au fond de moi qu’il y avait un problème. Je savais que je n’allais pas bien, il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. J’avais été pompier une grande partie de ma vie, je savais que quelque chose ne tournait pas rond. Mais je n’avais fait que me voiler la face, encore et encore. La vérité était trop difficile à accepter, je refusais de la voir en face. Parce que j’avais peur. Peur de décevoir Pepper. Peur de ne pas parvenir à assumer mon rôle de père et de conjoint. Peur de n’être qu’un moins que rien inutile. Peur de voir la véritable image que je reflétais. C’était toujours plus simple de fermer les yeux sur sa propre condition. Je trouvais toutes les excuses possibles pour expliquer mon état. Tout pouvait expliquer cette fatigue, ces insomnies et cet état lamentable dans lequel je me trouvais. Elle avait bon dos ma pauvre fille. J’avais osé utiliser l’excuse d’élever un bébé pour expliquer mon état. Le pire, c’est que ça passait crème. Personne ne se posait de question. Et le pire dans tout ça, c’est que mes excuses avaient même fini par me convaincre, moi. Je m’étais mis en tête que mon état de santé lamentable était dû à ce que j’avais vécu quand Pepper m’avait quitté, puis que l’arrivée de ma fille dans ma vie n’avait pas arrangé la situation. J’avais réussi à me persuader, en père et conjoint indigne que j’étais, que mes pauvres amours étaient responsables de mon état de faiblesse. Et j’avais honte. Terriblement honte. Mais j’étais trop borné et fier pour assumer la vérité. La terrible vérité…

Pepper s’excusait, encore et toujours face à mes accusations incessantes. J’étais un monstre. Un monstre alimenté par des démons qui le tourmentaient. Pepper savait que quelque chose n’allait pas chez moi, mais j’avais toujours la fâcheuse tendance de minimiser les dégâts. Encore et encore. A trouver des excuses. Comme toujours. Elle voulait m’aider, bien évidemment, et comprends ce qui n’allait pas chez moi. Mais je refusais de me montrer faible, comme l’homme stupide que j’étais. Pourtant, la sonnette d’alarme retentit en ce jour dramatique. Mon corps m’avait déjà alerté il y avait quelques semaines de ça, dans une supérette. J’avais fait un malaise, mon cœur n’allait pas bien, je le sentais. Pourtant, cette fois encore, j’avais refusé d’ouvrir les yeux sur mon état de santé et j’avais refusé d’aller à l’hôpital. Aujourd’hui je regrettais cette négligence. Parce qu’elle allait peut-être me couter la vie aujourd’hui. Si je m’étais rendu à l’hôpital, ils auraient su. Ils auraient vu et compris mon problème. Mais mon ego d’homme fort avait refusé d’y aller. Je me croyais invincible parce que j’avais affronté tout un tas de drames dans ma vie. Or, je me trompais. Lourdement. Personne n’est infaillible. Et j’en fis les frais. Mon cœur avait décidé de dire stop. Arrête tes conneries Emrys, et assume enfin la stricte vérité… Une bonne fois pour toute. Parce que la prochaine fois sera fatale.

Des bruits de bips résonnèrent dans ma tête, à intervalle régulier. Les yeux clos, je me sentais léger, comme si j’étais allongé dans du coton. Mes paupières étaient lourdes et refusaient de s’ouvrir pour le moment. Une odeur familière vint me chatouiller les narines. Mes tentatives pour ouvrir les yeux finirent par se montrer concluantes mais la clarté de la pièce me brûlait les rétines. Je mis quelques secondes pour m’acclimater à cette lumière et je découvris tout un tas d’appareils autour de moi et j’étais branché de partout. Il n’y avait plus de doute quant à l’endroit où je me trouvais. L’hôpital. J’avais un vague souvenir de ce qu’il s’était passé. Je me souvenais de cette douleur atroce et de Pepper près de moi. Pour le reste, c’était encore flou pour le moment. Est-ce que j’étais resté inconscient longtemps ? Quelle heure était-il ? Quel jour on était ? En jetant un œil autour de moi, j’aperçus Pepper non loin. « Pepper… » Avais-je prononcé dans un faible soupir. Ma voix avait décidé de faire grève mais je n’allais pas me laisser abattre pour autant. Dans un geste lent, je bougeais mon bras pour tendre la main vers elle. Vers la femme de ma vie. Vers celle qui m’avait sans aucun doute sauvé la vie. Je suis… « …désolé. » Seul le dernier mot avait réussi à franchir la barrière de mes lèvres. J’étais désolé de lui avoir fait subir tout ça. Désolé d’avoir minimisé mon état de santé. Désolé de m’être voilé la face au point de mettre ma vie en danger. J’avais même une larme qui s’était échappé du coin de mon œil.

’avais été négligent depuis bien trop longtemps. Mon corps n’avait cessé de m’alarmer que quelque chose clochait. Pourtant j’avais toujours trouvé un tas d’excuses pour justifier cet état de faiblesse. J’avais un problème et je refusais de le reconnaitre. Maintenant que j’étais allongé dans ce lit d’hôpital alors que j’aurais pu ne jamais me réveiller, je prenais enfin conscience qu’il y avait un souci. Restait à en connaitre la cause. Pourquoi mon cœur avait-il déconné à ce point ? Pourquoi étais-je constamment fatigué alors que je ne parvenais pas à dormir quand il le fallait ? Pourquoi mes membres tremblaient-ils sans que je ne puisse rien contrôler ? Pourquoi mon corps flanchait-il à ce point ? Je ne comprenais pas. Je ne voyais pas ce qui pouvait en être la cause. Peut-être que les médecins viendraient éclaircir tout ça d’ici quelques heures. En attendant, je m’en voulais suffisamment d’avoir fait subir cette épreuve à Pepper. Je m’étais effondré dans notre salon et elle avait dû faire face à ça toute seule. Cela n’aurait jamais dû arriver. Voilà pourquoi je voulais m’excuser. Jamais je n’aurais dû lui faire subir ça. J’aurais même dû lui parler plutôt de ce malaise dans la supérette. Nous n’en serions pas là aujourd’hui.

Elle posa une main sur ma joue et m’intima de ne pas continuer parce que ce n’était pas le moment. Sentir sa main dans la mienne me fit du bien même si je n’avais pas encore la force de la serrer. Pour ce qui était d’en parler plus tard, est-ce que j’avais vraiment autant de temps que je le voulais devant moi ? N’était-ce déjà pas trop tard ? Etais-je réellement tiré d’affaire ? Une crise cardiaque n’avait rien d’anodin, qui pouvait assurer avec certitude que cela ne se reproduirait jamais ? Ses lèvres se posèrent sur chacun de mes doigts et son pouce essuya la larme qui coulait sur ma joue. Malgré tout, je pouvais lire toute l’inquiétude et l’angoisse qu’elle éprouvait dans son regard. Et je n’aimais pas ça. Je ne supportais pas de la voir aussi démunie, surtout par ma faute. Le ton de sa voix me brisa le cœur et la voir pleurer n’arrangeait rien. Je m’en voulais tellement. Elle se pencha sur moi pour caler sa tête contre mon épaule et je posais ma main libre dans ses cheveux. « Je t’aime plus que tout. » Je fermais les yeux et laissais ma tête tomber contre la sienne. Qu’est-ce qui avait donc merdé à ce point pour que je me retrouve sur ce lit d’hôpital ? Qu’est-ce que j’avais raté ? « Où est Emma ? » Je n’avais pas vu si elle était là ou pas. Etait-elle avec mon père ? Ma sœur ? Ou Pepper avait-elle refusé de la laisser à qui que ce soit ?

a condition de Pepper s’améliorait. Elle allait de mieux en mieux et retrouvait un bon équilibre. J’étais fier des progrès qu’elle faisait chaque jour. Elle était tellement forte. Mais j’avais tout gâché. J’avais toujours eu un mal fou à reconnaitre mes torts. Je voulais me montrer fort en toute circonstance pour me maintenir à son niveau. Mais cette fois, j’avais flanché. A mon tour, je m’étais écroulé, dans tous les sens du terme. Aujourd’hui, alors qu’elle était sur la voie de la guérison, j’étais celui qui allait mal. Je ne comprenais pas réellement où j’avais commis une erreur. Je ne comprenais pas ce que j’avais fait de travers. Est-ce que ma mauvaise hygiène de vie pendant ma descente aux enfers me rattrapait ? Après tout ce temps ? Mon corps s’était mis à déconner de manière plutôt violente, un arrêt cardiaque n’avait rien d’anodin alors que j’avais toujours été en bonne santé. Être pompier requérait une bonne condition physique. Alors quand est-ce que j’avais merdé ? J’étais dans un sale état depuis tellement d’année que je ne m’étais pas rendu compte à quel point j’étais tombé bas. Et je le payais très cher.

J’avais tellement de choses à dire, mais je n’avais pas la force pour ça. Pepper ne voulait pas en parler, selon elle, nous aurions le temps plus tard. Sans doute. Mais avais-je finalement autant de temps devant moi ? Il y avait peu de chance que je sois à l’abri d’une nouvelle crise. Evidemment, je m’inquiétais bien vite de ne pas voir ma fille. Connaissant Pepper, je doutais fortement qu’elle l’ait confiée à qui que ce soit. Elle me désigna un coin de la pièce d’un signe de tête et je peinais à me redresser pour jeter un œil. Je la vis un bref instant, suffisamment pour me rassurer et je me laissais retomber dans mon lit. Elle m’expliqua toutes les péripéties que les infirmières avaient rencontrées pour ramener un matelas pour lui permettre de se reposer et encore une fois, je ne pus m’empêcher de me sentir coupable. « J’aurais également préféré qu’elle soit endormie tranquillement dans son lit, à la maison. » Comme nous tous. Mon cœur se serra d’avantage en écoutant la suite. J’imaginais sans mal mon bébé pleurer toutes les larmes de son corps en voyant son père pitoyable inconscient dans un lit d’hôpital. Je m’en voulais tellement. Parce que je savais que j’aurais pu éviter tout ça. J’étais même certain que j’allais m’en vouloir toute ma vie. Malgré le sourire qu’elle m’adressait et sa main posée sur ma joue, je ne parvenais pas à me détendre et à sourire à mon tour. J’étais beaucoup trop rongé par le remord. « Elle tient ça de sa mère. » Pepper était épatante, notre fille était aussi courageuse qu’elle. « Je m’en veux tellement de lui avoir fait subir ça. A toi aussi. » Elles méritaient tellement mieux qu’un déchet comme moi. « Je comprendrais que tu ne me le pardonnes jamais. » Surtout quand elle apprendra que j’avais déjà fait un malaise peu de temps avant. Un malaise qui aurait dû m’alerter si je n’étais pas aussi borné. « Les médecins sont déjà venus te voir ? » Avaient-ils pris le temps de lui expliquer la situation ? Je ne savais même pas combien de temps j’étais resté inconscient. Lui avaient-ils déjà parlé ? Avaient-ils mentionné la raison de ce problème cardiaque ? Parce que je ne savais toujours pas ce qui avait bien pu causer tout ça… Je doutais fortement que la fatigue soit la seule responsable de tout ça, comme je n’avais cessé de le répéter pendant des mois, des années.