Roxanne Lockwood ▬ I can hear the sirens

Née au coeur de la dernière nuit d'octobre, prématurée et en grande pompe, Roxanne Lockwood avait signé sa naissance d'un cri à en faire pâlir le lion de Némée. Comment un si petit corps pouvait-il brailler avec tant d'énergie ? Telle fut sans doute la première pensée cette mère qui lui faisait face. Aucun homme n'était venu pour lui tenir la main ou reprendre cette petite diablesse qui hurlait à plein poumon dans ses bras et pourtant, c'était le patronyme du père qu'elle avait donné, pas le sien. Avait-elle déjà pour projet de lui rendre cette infâme créature ou était-ce là un ultime hommage aux nuits partagés avec lui ? Quoi qu'il en soit, un mois seulement à peine, la jeune femme était venu sonner chez cet homme qu'elle avait délaissé lorsqu'elle avait croisé le résultat du test de grossesse, fébrile, les yeux cerné noir et ce démon d'Halloween niché au creux de ses bras. Le discours avait été bref, fuyant, et il avait fallut bien moins d'une heure pour que cette mère disparaisse définitivement de la vie de sa progéniture.
Puis les années étaient passée et le minuscule bout de chou jeté dans les bras de son père était devenu un enfant bien curieux que seul des crayons et une feuille parvenait à enchaîner à une quelconque tranquillité. Elle courrait partout la petite Roxie, voulait tout voir, tout toucher et il fallut s'armer de patience pour parvenir à contenir cette tornade d'enthousiasme. Le sport aida sans doute à la discipliner et ce fut très jeune qu'elle tomba dans la gymnastique rythmique, se confrontant dès lors à une rigueur qu'elle ne connaissait pas. Ensuite vint les premières classes, les premiers amis, les premiers soupires devant les cours d'Histoire, une enfance banale en somme qui, si elle demeura marqué par l'absence de mère, ne put être plus radieuse.

L'adolescence fut marqué par de dramatique jeté sur le canapé et des airs de précieuse dramaqueen, arguant d'une voix faussement faible qu'elle ne pouvait pas décidément pas aller en cours d'Anglais car, je cite, "un troisième oeil poussait sur son front et lui accordait des airs de cyclope". Cependant, quel était le pire entre la disgracieuse acnés, les airs de zombie qu'elle traînait après la troisième nuit blanche consacré au peintures et dessins, ou les blagues foireuses sur ses rousseurs et le fait qu'elle refusait de sortir avec qui que ce soit ? C'est également durant cette période qu'elle enchaîna les compétitions de gymnastique rythmique et claqua pour la première fois ses envies de reptiles sur la table à la manière d'un "Daddy, I Want a Pony" issue de Charlie et la Chocolaterie. Il avait fallut pour cela parfaire une moyenne qui souffrait du manque de sommeil et, pour le coup, la présence de Eva s'était avéré vitale. En plus d'être le parfait coussin en cours, Eva était plus studieuse que son amie et avait par conséquent su ressaisir cette dernière en quelques temps seulement. 16 ans, première tablette graphique. Un cadeau qui avait valut un cri hystérique à notre tornade rousse et des promesses par millier, voué à saluer son précieux paternel. Et dieu sait combien elle aura rentabilisé ce trésor numérique. 17 ans, les premiers coup d'oeil impudique et rougissement significatif, les premiers questionnement et appréhension concernant cet attrait pour les courbes féminines. C'était donc un tremblement au bout des pupilles qu'elle avait osé abordé le sujet avec sa meilleure amie, hésitant presque à poser des mots sur des sentiments qu'elle n'avait jamais éprouvé par le passé et qui l'entêtait depuis une soirée passé avec l'objet de ce désarroi émotionnelle : Elisabeth Blackmore. Aussi, confronté à la bienveillance d'une meilleure amie qu'elle s'était vu perdre à peine le "... Je crois que j'aime les filles" prononcé, Roxie avait rassemblé son courage et prit son père à partit pour en discuter. Difficile de faire plus doux que les propos dispensé par ce père et cette blondinette devenu au fil des années une soeur véritable. 19 ans, une insulte, une blague, un coup porté à son visage et un regard à en glacer les coeurs. Roxie avait essuyée sa première défaite amoureuse, marqué du poing d'un grand frère écœuré et des rires de sa bande fiché tout autour. Si Roxanne n'avait esquissé aucun mot ce soir là, jamais elle n'avait flanché sous les coups et avait au contraire fait face drapé d'une froide majesté. Son regard avait transpercé l'assistance et, l'espace d'une seconde, les coups avaient cessés.

Expliquer la raison de ces bleus à Eva ne fut pas chose aisée et, si Roxie songea un instant à réutiliser l'excuse de la chute en skatebord qu'elle avait jeté à son père en gravissant quatre à quatre les escaliers pour disparaître dans sa chambre, elle ne put lui mentir droit dans les yeux et craqua pour la première fois devant elle. Pleurer n'était pourtant pas dans son habitude et pourtant, il fallait croire que les nerfs avaient eut besoin de relâcher toutes leurs pressions. Aujourd'hui, Roxie a vingt-deux ans et est entrée en école de cinéma d'animation, jonglant entre petit boulot et étude pour préparer au mieux la vie dont elle rêve.