Work Work Work (ft. Milah)

Mon ordi. Un écran noir. La panique. Je me réveille en nage dans mon lit, le coeur battant. Ok, du calme Sin, ton ordi n’est pas mort, tout va bien, ton boulot de la semaine t’attend toujours bien sagement dans ton dossier « pretty.au ». Je jetais un coup d’oeil à mon réveil, 5h39. Plus la peine de retourner me coucher surtout après la frayeur que je venais de me faire, alors autant travailler un peu et peaufiner ce beau bébé qui n’attend que de voir le jour sur le site.

Une tasse de caramel macchiato (beaucoup de caramel peu de café surtout) en main et je m’installai à la table du salon où m’attendait bien sagement mon ordinateur. J’ouvris l’écran avec une certaine appréhension. Et si mon cauchemar avait en fait été un rêve prémonitoire ? L’écran s’illumine dans la semi-clarté comme d’habitude sur ma dernière page word, le petit trait clignotant en plein milieu d’une phrase sur un mot inachevé. J’effaçai le mot, le retapai encore et encore. Impossible d’arriver à poser clairement ma pensée. Ce projet allait finir par me bouffer, il allait falloir que je trouve un moyen de l’achever sans quoi j’allais devenir complètement folle et Milah allait me virer à coup sûr, elle était sympa mais pas au point de garder des bras cassés dans son équipe. Maintenant Sin, tu écris, tu fais le premier jet le plus pourri de ta vie et tu t’en fiches d’accord ? Et tu veux savoir pourquoi tu t’en fiches ? Parce que tu vas le retravailler jusqu’à ce qu’il soit parfait, à ce moment-là seulement il sera publié et tu en seras fière !

Trois heures (et cinq cafés) plus tard, j’arrivais effectivement au premier jet le plus nul de ma vie, à croire que j’avais vraiment super mal choisi ma carrière professionnelle. Je soupirai en me tapant la tête contre le bord de la table. Je voulais absolument tout, sauf le montrer à Milah, pourtant à midi pétante je n’allais pas avoir le choix. J’envoyai un message à l’un de mes frères avec en pièce jointe l’article pour lui demander son avis. En attendant sa réponse je fonçai me préparer pour un petit tour à la salle de sport. A peine arrivée devant celle-ci, une note joyeuse m’indiqua la réception d’un message. Mon frère. Dans toute sa splendeur. « C’est nul, face de pet, même pour toi. Je sens que tu vas revenir vite fait à Galway avec l’étiquette « Loser » collée sur le front. » Je fronçai les sourcils, prête à l’étriper. D’ailleurs je ne courus jamais aussi vite que ce jour-là. De retour à la maison, je me mis directement devant mon ordi, me craquai les phalanges, pensant encore au message de mon frère. Il allait voir qui était la loser cette face de poulpe !

Midi. J’étais assise à une table du restaurant, mon ordi dans mon sac avec une version à peu près potable de mon projet. Raconté mon voyage (avec mon ex-mari) à travers l’Europe. J’avais expliqué à Milah les grandes lignes de ce que je voulais faire et aujourd’hui j’espérai pouvoir la convaincre qu’elle avait eu de me faire confiance et que j’allais réussir à faire rêver les lectrices de son site. Je n’avais pas écrit un seul article de la semaine, me consacrant à cet article qui, je l’espérais, pourrait devenir plutôt une série d’articles plus ou moins long. Je stressais à mort et la voir arrivée tout sourire n’arrangea rien à mon niveau d’anxiété même si j’essayai de n’en rien laisser paraître. Je m’étais donnée à fond dans cet article, y laissant sans doute du sang et mon âme, que faire si ça ne lui plaisait pas ?

- Salut Milah ! Comment tu vas ? dis-je avec un grand sourire en me levant pour la saluer. Tu veux voir l’article tout de suite ?

Par Dyonisos ! Je ne pourrais rien avaler avant qu’elle ait lu ce fichu article !