Un enfant c’est le plus beau cadeau du monde, n’est-ce pas ? Plus encore quand il arrive le jour du réveillon de Noël, c’était tout un symbole ! Ouais… peut-être. Allez dire ça aux Flemming dont le réveillon a été gâché par la naissance d’une petite fille qui a décidé de pointer le bout son nez trois semaines plus tôt pile au moment où son père servait l’apéritif ! Toute la famille était à la maison, les grands-parents, les oncles, les tantes, les cousins et ses trois grandes-sœurs dans leurs jolies robes de fête. Au lieu de boire son cocktail de fruits et grignoter des toasts, les parents durent laisser leurs filles à la garde du reste de la famille pour filer en urgence à la maternité. Quelques heures plus tard, avant que minuit ne sonne, Paige Flemming poussait son premier cri en se tortillant comme un verre de terre dans les mains de la sage-femme. Née plus tôt que prévu, Paige eut droit à des examens complémentaires mais elle était en parfaite santé alors les Flemming ont rapidement pu rentrer avec leur quatrième fille. Pauvre Monsieur Flemming, seul homme entouré de cinq femmes, son avenir promettait d’être mouvementé et de ne pas lui laisser beaucoup de place dans la salle de bain.
Quelques mois seulement après sa naissance, Paige quitta Londres pour Canberra. Son père, grand neurologue fut débauché par un hôpital de la capitale australienne contre une grosse augmentation de salaire qui n’était pas refusable. Il était né en Australie mais avait fait toutes ses études en Angleterre où il avait rencontré la femme de sa vie, alors il était resté là-bas. Quant à son épouse, avocate internationale réputée, elle n’avait pas eu grand mal à trouver un cabinet sur place bien qu’elle soit encore en congé suite à la naissance de sa fille. Le temps de régler toute la paperasse nécessaire, la famille s’installa dans une grande maison qui ne laissait aucun doute sur leurs capacités financières. Paige grandit donc dans une immense maison pleine de chamailles avec ses sœurs et sans jamais manquer de rien. Avec ses sœurs, elle avait beau être la plus jeunes, Paige avait son caractère bien trempé et elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, pas même par sa plus grande sœur, âgée de huit ans de plus qu’elle. De toute façon, Paige savait comment se débrouiller pour que ses sœurs se fassent gronder quand elle estimait qu’elles avaient été méchantes avec elle. A l’école, Paige était déjà une petite fille rêveuse, dès son plus jeune âge, elle avait une imagination débordante mais elle avait aussi beaucoup de mal à se concentrer sur ce qu’on lui demandait et il fallait souvent la ramener sur terre mais globalement, elle était loin d’être une mauvaise élève. Pour autant, comparée à ses sœurs qui avaient toujours excellé en tout, ses résultats paraissaient bien fades pour les parents Flemming habitués à la quasi-perfection. Si la petite dernière avait été chouchoutée quand elle était enfant, elle a vite fait d’être comparée à ses aînées durant toute sa scolarité, dès ses premières évaluations et même pendant tout son lycée. A force elle était rodée. Ses sœurs étaient tout ce que des parents voulaient : elles étaient intelligentes, elles prenaient les bonnes décisions, rentraient dans le moule, … bref, tout ce que Paige n’était pas. Enfin, elle n’était pas bête hein ! Mais entre faire un graffiti sur un mur ou des calculs algébrique sans aucun sens pour elle, son choix était très vite fait.
A l’adolescence, c’était vraiment la guerre entre les sœurs, surtout entre l’aînée et la cadette, les deux du milieu comptant un peu les points. Paige avait seize ans, sa grande-sœur en avait vingt-quatre et cette dernière avait décidé d’humilier sa sœur en lisant son journal intime et en publiant des pages sur internet. Ces pages qui révélaient que Paige avait couché avec un garçon pour la première fois il y avait maintenant quelques mois mais qu’aujourd’hui son cœur balançait pour une fille. « Putain t’es vraiment une sale garce !! » hurla Paige en se jetant comme une furie sur sa sœur, s’ensuivit des hurlements de harpies pendant que les deux filles s’insultaient et se tiraient les cheveux jusqu’à ce que les parents viennent les séparer sans masquer leur colère. « T’as toujours été bizarre de toute façon, ça m’étonne même pas que tu sois lesbienne » lâcha-t-elle d’un air dédaigneux « mais va te faire foutre, tu fais ta belle parce que t’as ton mec depuis trois ans mais il en a rien à foutre de ta gueule, il est juste content de pouvoir te baiser sans avoir besoin de te draguer avant ! » avant que les deux filles n’aient le temps de se balancer plus de saloperies à la tronche, les parents mirent fin à ça et elles se prirent toutes les deux un sacré savon. Les pages du journal de Paige furent retirées d’internet avant d’avoir eu le temps de faire trop de dégâts et elles furent obligées de se présenter des excuses qu’elles ne pensaient pas. Mais Paige n’avait pas dit son dernier mot, quelques jours plus tard, elle s’était débrouillée pour se retrouver seule avec le copain de sa sœur et elle n’eut pas besoin de sortir le grand jeu pour qu’il couche avec elle. C’est avec un sourire satisfait qu’elle recroisa sa sœur qui lui lança un regard suspicieux. « Pourquoi tu souris comme ça ? » « Tu ferais bien d’abandonner l’idée qu’il te demande en mariage » devant l’incompréhension de son aînée, Paige ajouta « Et puis franchement, ça vaut pas le coup de coucher rien qu’avec lui le reste de ta vie, même toi tu vaux mieux que ça » Sa sœur commençait à comprendre mais elle n’accordait pas le moindre crédit aux paroles de sa cadette « Et si tu me crois pas, je sais qu’il a une tâche de naissance juste à la l’intérieur de sa cuisse droite. » Sa sœur devint blanche comme un linge tandis que Paige s’en allait avec un sourire. La vengeance avait un gout délicieux pour Paige, pour sa sœur beaucoup moins... mais elle saurait maintenant que Paige pouvait être la plus garce des deux.
Paige termina ses années lycée avec une certaine difficulté, elle était très souvent de sortie le week-end donc fatiguée le lendemain, elle faisait ses devoirs à la dernière minute (quand elle les faisait) et préférait assister son prof d’arts visuels que de réviser pour son diplôme. Mais malgré les mauvaises langues qu’étaient ses profs et ses sœurs, elle a obtenu son diplôme ! Bon… elle l’a eu au rattrapage, mais ça, on s’en fout, non ? Après le lycée, Paige souhaita sans surprise faire des études d’arts. « T’es sûre de toi ? » Bien sûr qu’elle en était certaine ! Elle faisait encore pipi au lit qu’elle avait déjà un sacré coup de crayon. « Tu sais, c’est difficile de percer dans ce genre de domaine » Oui elle le savait ça aussi, mais c’était ce qui lui plaisait. Elle ne pouvait pas faire comme ses sœurs, les études de droits, la médecine, sciences-politiques, … c’était beau sur le papier, ça faisait classe, ça frimait… mais ce n’était pas ce qui lui plaisait. Après de longues discussions, ses parents acceptèrent de lui payer ses études d’art non sans l’espoir qu’elle change d’avis et prenne conscience qu’elle allait devoir trouver un « vrai travail » à la fin de ces études parfaitement inutiles. C’est ainsi que Paige se retrouva à l’Université de Melbourne dans un plutôt bel appartement payé gracieusement par les sous de papa et maman. Rapidement, Paige adopta le rythme de vie étudiante. Ah non ! Pas les révisions et les huit litres de café par jour, l’autre rythme : celui des soirées étudiantes, les heures de sommeil insuffisantes et les gueules de bois à digérer en se levant le matin. Pour Paige, c’était la belle vie : ses études lui plaisaient, elle faisait la fête, s’entourait d’un tas de potes, avait des aventures avec des hommes et des femmes, parfois les deux en même temps, elle n’avait plus ses sœurs et ses parents sur le dos pour lui faire la morale sur sa soi-disant immaturité. C’était tout simplement parfait !
Paige a terminé sa licence d’arts avec les meilleurs résultats de sa vie ! Elle était dans le top cinq de sa promotion et autant dire qu’elle a fêté ça dignement avec ses collègues. C’est très fière d’elle qu’elle a annoncé ça à ses parents mais leur fierté fut de courte durée quand est venu le temps du « et maintenant, tu fais quoi ? » non parce que c’était bien beau une licence artistique sur un CV mais qu’est-ce que ça allait apporter ? « J’vais vivre de mon art ! Je vais peindre des tableaux et les vendre ! » Ses parents manquèrent de s’étouffer en entendant ça. « Non mais tu plaisantes j’éspère ? T’as aucune chance ! Aucun artiste inconnu ne peut vivre de son art et rien d’autre, il faut travailler enfin Paige ! » le sourire de Paige s’effaça immédiatement de son visage, ça faisait plaisir une si grande confiance… ah ben oui quand on a une grande sœur chirurgienne, une autre jeune avocate et la dernière qui venait de décrocher son doctorat dans le marketing avec un boulot à la clé dans une belle entreprise et un salaire dont beaucoup rêveraient pour un premier boulot… forcément, quand la petite dernière dit qu’elle veut faire mumuse avec de la peinture, ça perd tout de suite en prestige. « Si c’est ce qui me rend heureuse, pourquoi ça vous pose un problème ? Vous pouvez pas juste être contents que j’aie trouvé ma voie ? » Paige n’en revenait pas… ce n’était pas comme si ses parents croulaient sous les dettes et qu’ils n’avaient pas les moyens d’aider financièrement leur fille, ils avaient plus d’argent qu’ils ne pouvaient en dépenser et vu le salaire de ses sœurs, ce n’était pas elles qui coutaient de l’argent. « Ecoute Paige, que tu veuille être une artiste, c’est une chose, mais ça doit rester un loisir et tu dois te trouver un vrai travail pour gagner de l’argent. » Paige secoua la tête dépitée… « On te laisse un an pour trouver du travail, après ça, tu ne pourras plus compter sur notre argent, il est temps que tu grandisses et que tu prennes tes responsabilités ! » Paige hocha la tête mais elle était littéralement dégoutée par cette conversation…
Un an était passé… une année pendant laquelle Paige a vécu comme elle l’entendait, en continuant de faire la fête, de faire des rencontres, de peindre, de vendre ses tableaux… bon, de vendre quelques tableaux parce qu’on ne pouvait pas dire que ça suffisait à vivre, mais elle refusait de donner raison à ses parents. En revanche, eux se rappelaient bien l’échéance qu’ils avaient donné à leur fille et du jour au lendemain, Paige ne reçut plus un centime de leur part. Ils n’avaient pas été vicieux au point de lui vider son compte mais il n’était absolument plus alimenté et l’appartement n’était plus payé. Paige fut obligée de rendre les clés… elle se fit héberger par des amis le temps de se retourner, squattant chez les uns puis chez les autres pour ne pas rester trop longtemps à chaque fois. Elle se dégotta un petit appartement, vraiment pas terrible, bien loin de ce à quoi elle était habituée. Le loyer était très bas, mais elle pourrait le payer au moins quelques temps avec ce qu’il lui restait d’argent sur son compte. Bien qu’elle n’ait pas envie d’obéir à ses parents, elle fut bien obligée d’avoir une source d’argent autre que son art alors elle avait trouvé un petit job de serveuse de nuit dans un resto routier. De temps en temps elle arrivait à vendre ses tableaux, parfois elle s’installait sur une place touristique avec ses pinceaux et un chevalet et elle dessinait des portraits, des caricatures, d’autres trucs qu’elle vendait alors à ces touristes généreux. Elle ne gagnait pas grand-chose mais elle était heureuse et franchement… c’était tout ce qui lui importait !
Paige aimait les rencontres alors c’est sans surprise qu’elle s’était inscrite sur un site de rencontre, que ce soit pour simplement discuter, une histoire sans lendemain ou quelque chose de plus sérieux. Via ce site, elle avait déjà rencontré plusieurs personnes avec qui les choses s’étaient… plus ou moins bien passées. Puis il y avait eu cette fille avec qui elle discutait depuis un moment. « C’est qui qui t’a envoyé un message ? » demanda l’amie chez qui elle était ce soir-là « T’es toute rouge et t’as un sourire béat » « Mais nan » mais si « c’est juste une fille avec qui je discute depuis quelques jours, elle vient de m’envoyer une photo. » Paige montra l’écran de son téléphone pour montrer la jolie hispanique « Jolie » répondit simplement son amie purement hétéro « T’as de la chance quand même d’aimer tout le monde, t’as deux fois plus de chances de t’amuser ! » Un grand sourire s’afficha sur son visage alors qu’elle fit un clin d’œil plein de sous-entendu à son amie. Paige avait toujours aimé les deux sexes. Même si, comme la plupart des jeunes filles, elle avait été conditionnée à l’idée d’être avec un mâle, à l’adolescence, elle regardait tout le monde et elle avait goûté aux deux, elle avait adoré les deux. Et autant dire qu’en cochant « cherche hommes et femmes » sur un site de rencontre, elle avait un paquet d’intéressés. Quelques temps plus tard, quelle ne fut pas sa surprise quand la jeune femme lui dit que c’était une farce… Paige vira au blanc mais rapidement, elle put discuter avec la véritable Katherine. Elle se donnèrent rendez-vous pour un cinéma, puis pour un déjeuner, le courant passait très bien et chaque vois que Paige la voyait, elle n’avait qu’une seule envie : fondre sur ses lèvres. Autant dire que quand elles échangèrent leur premier baiser, elle le savoura. Au bout d’un an, Paige s’installa chez Kathy… et sema le chaos dans son appartement ! Deux ans plus tard et malgré de nombreuses reproches sur le fait de laisser trainer son bordel par terre, Paige est toujours là… comme tous les couples elles avaient leur hauts et leur bas… mais les réconciliations sur l’oreiller, ça fonctionnait plutôt bien généralement. Paige avait laissé tomber son job de serveuse depuis un moment déjà pour se concentrer exclusivement sur son art. L’amour et l’art, sa vie n’était que passion, que demander de mieux ?
Quelques mois seulement après sa naissance, Paige quitta Londres pour Canberra. Son père, grand neurologue fut débauché par un hôpital de la capitale australienne contre une grosse augmentation de salaire qui n’était pas refusable. Il était né en Australie mais avait fait toutes ses études en Angleterre où il avait rencontré la femme de sa vie, alors il était resté là-bas. Quant à son épouse, avocate internationale réputée, elle n’avait pas eu grand mal à trouver un cabinet sur place bien qu’elle soit encore en congé suite à la naissance de sa fille. Le temps de régler toute la paperasse nécessaire, la famille s’installa dans une grande maison qui ne laissait aucun doute sur leurs capacités financières. Paige grandit donc dans une immense maison pleine de chamailles avec ses sœurs et sans jamais manquer de rien. Avec ses sœurs, elle avait beau être la plus jeunes, Paige avait son caractère bien trempé et elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, pas même par sa plus grande sœur, âgée de huit ans de plus qu’elle. De toute façon, Paige savait comment se débrouiller pour que ses sœurs se fassent gronder quand elle estimait qu’elles avaient été méchantes avec elle. A l’école, Paige était déjà une petite fille rêveuse, dès son plus jeune âge, elle avait une imagination débordante mais elle avait aussi beaucoup de mal à se concentrer sur ce qu’on lui demandait et il fallait souvent la ramener sur terre mais globalement, elle était loin d’être une mauvaise élève. Pour autant, comparée à ses sœurs qui avaient toujours excellé en tout, ses résultats paraissaient bien fades pour les parents Flemming habitués à la quasi-perfection. Si la petite dernière avait été chouchoutée quand elle était enfant, elle a vite fait d’être comparée à ses aînées durant toute sa scolarité, dès ses premières évaluations et même pendant tout son lycée. A force elle était rodée. Ses sœurs étaient tout ce que des parents voulaient : elles étaient intelligentes, elles prenaient les bonnes décisions, rentraient dans le moule, … bref, tout ce que Paige n’était pas. Enfin, elle n’était pas bête hein ! Mais entre faire un graffiti sur un mur ou des calculs algébrique sans aucun sens pour elle, son choix était très vite fait.
A l’adolescence, c’était vraiment la guerre entre les sœurs, surtout entre l’aînée et la cadette, les deux du milieu comptant un peu les points. Paige avait seize ans, sa grande-sœur en avait vingt-quatre et cette dernière avait décidé d’humilier sa sœur en lisant son journal intime et en publiant des pages sur internet. Ces pages qui révélaient que Paige avait couché avec un garçon pour la première fois il y avait maintenant quelques mois mais qu’aujourd’hui son cœur balançait pour une fille. « Putain t’es vraiment une sale garce !! » hurla Paige en se jetant comme une furie sur sa sœur, s’ensuivit des hurlements de harpies pendant que les deux filles s’insultaient et se tiraient les cheveux jusqu’à ce que les parents viennent les séparer sans masquer leur colère. « T’as toujours été bizarre de toute façon, ça m’étonne même pas que tu sois lesbienne » lâcha-t-elle d’un air dédaigneux « mais va te faire foutre, tu fais ta belle parce que t’as ton mec depuis trois ans mais il en a rien à foutre de ta gueule, il est juste content de pouvoir te baiser sans avoir besoin de te draguer avant ! » avant que les deux filles n’aient le temps de se balancer plus de saloperies à la tronche, les parents mirent fin à ça et elles se prirent toutes les deux un sacré savon. Les pages du journal de Paige furent retirées d’internet avant d’avoir eu le temps de faire trop de dégâts et elles furent obligées de se présenter des excuses qu’elles ne pensaient pas. Mais Paige n’avait pas dit son dernier mot, quelques jours plus tard, elle s’était débrouillée pour se retrouver seule avec le copain de sa sœur et elle n’eut pas besoin de sortir le grand jeu pour qu’il couche avec elle. C’est avec un sourire satisfait qu’elle recroisa sa sœur qui lui lança un regard suspicieux. « Pourquoi tu souris comme ça ? » « Tu ferais bien d’abandonner l’idée qu’il te demande en mariage » devant l’incompréhension de son aînée, Paige ajouta « Et puis franchement, ça vaut pas le coup de coucher rien qu’avec lui le reste de ta vie, même toi tu vaux mieux que ça » Sa sœur commençait à comprendre mais elle n’accordait pas le moindre crédit aux paroles de sa cadette « Et si tu me crois pas, je sais qu’il a une tâche de naissance juste à la l’intérieur de sa cuisse droite. » Sa sœur devint blanche comme un linge tandis que Paige s’en allait avec un sourire. La vengeance avait un gout délicieux pour Paige, pour sa sœur beaucoup moins... mais elle saurait maintenant que Paige pouvait être la plus garce des deux.
Paige termina ses années lycée avec une certaine difficulté, elle était très souvent de sortie le week-end donc fatiguée le lendemain, elle faisait ses devoirs à la dernière minute (quand elle les faisait) et préférait assister son prof d’arts visuels que de réviser pour son diplôme. Mais malgré les mauvaises langues qu’étaient ses profs et ses sœurs, elle a obtenu son diplôme ! Bon… elle l’a eu au rattrapage, mais ça, on s’en fout, non ? Après le lycée, Paige souhaita sans surprise faire des études d’arts. « T’es sûre de toi ? » Bien sûr qu’elle en était certaine ! Elle faisait encore pipi au lit qu’elle avait déjà un sacré coup de crayon. « Tu sais, c’est difficile de percer dans ce genre de domaine » Oui elle le savait ça aussi, mais c’était ce qui lui plaisait. Elle ne pouvait pas faire comme ses sœurs, les études de droits, la médecine, sciences-politiques, … c’était beau sur le papier, ça faisait classe, ça frimait… mais ce n’était pas ce qui lui plaisait. Après de longues discussions, ses parents acceptèrent de lui payer ses études d’art non sans l’espoir qu’elle change d’avis et prenne conscience qu’elle allait devoir trouver un « vrai travail » à la fin de ces études parfaitement inutiles. C’est ainsi que Paige se retrouva à l’Université de Melbourne dans un plutôt bel appartement payé gracieusement par les sous de papa et maman. Rapidement, Paige adopta le rythme de vie étudiante. Ah non ! Pas les révisions et les huit litres de café par jour, l’autre rythme : celui des soirées étudiantes, les heures de sommeil insuffisantes et les gueules de bois à digérer en se levant le matin. Pour Paige, c’était la belle vie : ses études lui plaisaient, elle faisait la fête, s’entourait d’un tas de potes, avait des aventures avec des hommes et des femmes, parfois les deux en même temps, elle n’avait plus ses sœurs et ses parents sur le dos pour lui faire la morale sur sa soi-disant immaturité. C’était tout simplement parfait !
Paige a terminé sa licence d’arts avec les meilleurs résultats de sa vie ! Elle était dans le top cinq de sa promotion et autant dire qu’elle a fêté ça dignement avec ses collègues. C’est très fière d’elle qu’elle a annoncé ça à ses parents mais leur fierté fut de courte durée quand est venu le temps du « et maintenant, tu fais quoi ? » non parce que c’était bien beau une licence artistique sur un CV mais qu’est-ce que ça allait apporter ? « J’vais vivre de mon art ! Je vais peindre des tableaux et les vendre ! » Ses parents manquèrent de s’étouffer en entendant ça. « Non mais tu plaisantes j’éspère ? T’as aucune chance ! Aucun artiste inconnu ne peut vivre de son art et rien d’autre, il faut travailler enfin Paige ! » le sourire de Paige s’effaça immédiatement de son visage, ça faisait plaisir une si grande confiance… ah ben oui quand on a une grande sœur chirurgienne, une autre jeune avocate et la dernière qui venait de décrocher son doctorat dans le marketing avec un boulot à la clé dans une belle entreprise et un salaire dont beaucoup rêveraient pour un premier boulot… forcément, quand la petite dernière dit qu’elle veut faire mumuse avec de la peinture, ça perd tout de suite en prestige. « Si c’est ce qui me rend heureuse, pourquoi ça vous pose un problème ? Vous pouvez pas juste être contents que j’aie trouvé ma voie ? » Paige n’en revenait pas… ce n’était pas comme si ses parents croulaient sous les dettes et qu’ils n’avaient pas les moyens d’aider financièrement leur fille, ils avaient plus d’argent qu’ils ne pouvaient en dépenser et vu le salaire de ses sœurs, ce n’était pas elles qui coutaient de l’argent. « Ecoute Paige, que tu veuille être une artiste, c’est une chose, mais ça doit rester un loisir et tu dois te trouver un vrai travail pour gagner de l’argent. » Paige secoua la tête dépitée… « On te laisse un an pour trouver du travail, après ça, tu ne pourras plus compter sur notre argent, il est temps que tu grandisses et que tu prennes tes responsabilités ! » Paige hocha la tête mais elle était littéralement dégoutée par cette conversation…
Un an était passé… une année pendant laquelle Paige a vécu comme elle l’entendait, en continuant de faire la fête, de faire des rencontres, de peindre, de vendre ses tableaux… bon, de vendre quelques tableaux parce qu’on ne pouvait pas dire que ça suffisait à vivre, mais elle refusait de donner raison à ses parents. En revanche, eux se rappelaient bien l’échéance qu’ils avaient donné à leur fille et du jour au lendemain, Paige ne reçut plus un centime de leur part. Ils n’avaient pas été vicieux au point de lui vider son compte mais il n’était absolument plus alimenté et l’appartement n’était plus payé. Paige fut obligée de rendre les clés… elle se fit héberger par des amis le temps de se retourner, squattant chez les uns puis chez les autres pour ne pas rester trop longtemps à chaque fois. Elle se dégotta un petit appartement, vraiment pas terrible, bien loin de ce à quoi elle était habituée. Le loyer était très bas, mais elle pourrait le payer au moins quelques temps avec ce qu’il lui restait d’argent sur son compte. Bien qu’elle n’ait pas envie d’obéir à ses parents, elle fut bien obligée d’avoir une source d’argent autre que son art alors elle avait trouvé un petit job de serveuse de nuit dans un resto routier. De temps en temps elle arrivait à vendre ses tableaux, parfois elle s’installait sur une place touristique avec ses pinceaux et un chevalet et elle dessinait des portraits, des caricatures, d’autres trucs qu’elle vendait alors à ces touristes généreux. Elle ne gagnait pas grand-chose mais elle était heureuse et franchement… c’était tout ce qui lui importait !
Paige aimait les rencontres alors c’est sans surprise qu’elle s’était inscrite sur un site de rencontre, que ce soit pour simplement discuter, une histoire sans lendemain ou quelque chose de plus sérieux. Via ce site, elle avait déjà rencontré plusieurs personnes avec qui les choses s’étaient… plus ou moins bien passées. Puis il y avait eu cette fille avec qui elle discutait depuis un moment. « C’est qui qui t’a envoyé un message ? » demanda l’amie chez qui elle était ce soir-là « T’es toute rouge et t’as un sourire béat » « Mais nan » mais si « c’est juste une fille avec qui je discute depuis quelques jours, elle vient de m’envoyer une photo. » Paige montra l’écran de son téléphone pour montrer la jolie hispanique « Jolie » répondit simplement son amie purement hétéro « T’as de la chance quand même d’aimer tout le monde, t’as deux fois plus de chances de t’amuser ! » Un grand sourire s’afficha sur son visage alors qu’elle fit un clin d’œil plein de sous-entendu à son amie. Paige avait toujours aimé les deux sexes. Même si, comme la plupart des jeunes filles, elle avait été conditionnée à l’idée d’être avec un mâle, à l’adolescence, elle regardait tout le monde et elle avait goûté aux deux, elle avait adoré les deux. Et autant dire qu’en cochant « cherche hommes et femmes » sur un site de rencontre, elle avait un paquet d’intéressés. Quelques temps plus tard, quelle ne fut pas sa surprise quand la jeune femme lui dit que c’était une farce… Paige vira au blanc mais rapidement, elle put discuter avec la véritable Katherine. Elle se donnèrent rendez-vous pour un cinéma, puis pour un déjeuner, le courant passait très bien et chaque vois que Paige la voyait, elle n’avait qu’une seule envie : fondre sur ses lèvres. Autant dire que quand elles échangèrent leur premier baiser, elle le savoura. Au bout d’un an, Paige s’installa chez Kathy… et sema le chaos dans son appartement ! Deux ans plus tard et malgré de nombreuses reproches sur le fait de laisser trainer son bordel par terre, Paige est toujours là… comme tous les couples elles avaient leur hauts et leur bas… mais les réconciliations sur l’oreiller, ça fonctionnait plutôt bien généralement. Paige avait laissé tomber son job de serveuse depuis un moment déjà pour se concentrer exclusivement sur son art. L’amour et l’art, sa vie n’était que passion, que demander de mieux ?
© Lilith W.