Qu'avez vous fait de Thomas ? | Thess

Qu'avez vous fait de Thomas ?

Jess & Thomas

Le spectacle qui se jouait sous mes yeux n’avait pas de prix. Je voyais les formes danser, bouger dans des sens différents. J’étais fasciné, comme hypnotisé par ce que je voyais. Je ne pouvais pas détacher mon regard de ces flammes dansantes. Tout un tas de choses se bousculaient dans ma tête devant ce feu de camp, des choses pas forcément très cohérentes. D’où sortait cette histoire d’éléphants roses ? Je n’en avais jamais vu. Pourquoi ? Est-ce que les mille-pattes avaient vraiment mille pattes ? D’où sortait l’expression casser trois pattes à un canard ? Ces bêtes n’en avaient que deux. Comme tout le monde. Sauf les araignées, les chiens et tout un tas d’autres bêtes… Oui, ça cogitait dans ma tête pour une raison précise. J’étais complètement bourré. Je n’avais plus les idées claires, j’avais l’air béat à sourire comme un con quand on me parlait et tout ça à cause d’une personne précise. Mon frère. Logan. Ce soir, il m’avait trainé à une fête en pleine forêt à la sortie de la ville. Pourquoi ? Pour me sociabiliser selon lui. Je n’en avais pas besoin. Mais selon lui encore une fois, je tirais la gueule plus que d’habitude ces temps-ci. Il en avait des idées à la con celui-là. Alors il m’avait trainé avec lui à sa fête à la con. Des abrutis s’étaient réunis autour du feu, et l’alcool était arrivé. Il m’arrivait de boire, bien évidemment, mais jamais au point de finir bourré. Je connaissais mes limites, je savais qu’une fois que j’avais trop bu, je perdais le contrôle de moi-même et mon air de dur à cuire s’effritait. Je devenais un vrai moulin à paroles quand j'étais torché et je dévoilais mes pires secrets comme si je parlais de la pluie et du beau temps. Ça m’était déjà arrivé avec Sam peu de temps après ma sortie de prison, je lui avais balancé gentiment que Dylan était responsable de mon séjour à l’ombre. Une chance pour elle qu’il n’ait pas craché le morceau aux autres parce que même si j’en voulais à cette fille, je ne voulais pas que mes frères lui tombent dessus. Elle ne s’en sortirait pas.

Enfin là n’était pas le sujet. Si j’en étais arrivé à me retrouver complètement bourré à fixer un feu de camp, assis sur un tronc d’arbre c’était à cause de mon frère et de ses idées à la con. Monsieur n’avait rien trouvé de mieux que de lancer des défis à tout le monde pour nous faire boire. Résultat, je m’étais un peu trop pris au jeu au fil du temps et j’avais bu bien plus que nécessaire. C’était que Logan pouvait se montrer persuasif à sa manière. Toujours dans la subtilité à viser les points sensibles. « Tu bois comme une gonzesse ! T’es pourtant pas une femmelette Thomy ! » Evidemment, la provocation fonctionnant plutôt bien, j’avais dépassé mes limites. Et maintenant, cet enfoiré était parti baiser je ne sais qui un peu plus loin. Alors je me retrouvais à regarder un feu en me posant mille et une questions dont les réponses n’intéressaient personne. A part moi à l’heure actuelle. Jusqu’à ce que l’arrivée d’une personne à côté de moi me sorte de mes pensées. Je reconnaissais sa voix. J’avais l’impression que ça faisait une éternité qu’on ne s’était pas vus. C’était peut-être le cas.

Je tournais la tête vers elle et dès que mon regard se posa sur elle, un grand sourire illumina mon visage. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais foutrement rien. « Hey ma petite Betty Boop ! » Je passais un bras autour de ses épaules pour la pencher vers moi et embrasser sa tempe. L’alcool avait tendance à me rendre plus familier avec tout le monde et surtout plus tactile. Qu’est-ce qu’elle venait de me demander déjà ? « T’es là depuis quand ? » Je ne l’avais pas vue avant. Est-ce qu’elle venait d’apparaitre d’un seul coup ? « T’es vraiment là au moins ? » Je plissais les yeux comme si ça allait m’aider à mieux voir et je posais ma main sur son visage. Pour vérifier. « Ah ben ouais ! Cool ! » Je souriais de nouveau, content de la voir là. Peut-être qu’elle avait soif ! Où se trouvait ma bouteille ? Je jetais un œil autour de moi et je ramassais ma bouteille de rhum à mes pieds pour la lui tendre. Elle n’était pas vide, qu’elle en profite. « J’ai pas tout bu si t’en veux ! » Mon sourire, encore une fois, ne quittait plus mon visage. J’aurais pu avoir des crampes à force, mais je ne sentais plus grand-chose.

Qu'avez vous fait de Thomas ?

Jess & Thomas

Jess faisait une drôle de tête. Je ne savais pas trop pourquoi. Peut-être qu’elle avait besoin de boire elle aussi, ça l’aiderait à se détendre ? Si elle était là, c’était pour ça aussi non ? On avait tous bu ce soir, pourquoi elle ferait exception ? Je l’entendais parler mais je voulais quand même m’assurer qu’elle était bien là. On sait jamais, peut-être que je pouvais simplement l’imaginer parce que j’avais envie de la voir ? Est-ce que j’avais envie de la voir ? Si elle était là, peut-être que oui ? Sinon elle ne serait pas apparue ! Logique ! Je lui avais proposé à boire, et elle prit la bouteille. Elle me parla d’un jumeau maléfique qui semblait être parti en vacances. Je ne pus m’empêcher de rire parce que c’était drôle ! « J’ai pas de jumeau moi ! Juste un frère qui est parti baiser je ne sais où avec j’sais pas qui. Lâcheur. » Ouais Monsieur avait mieux à faire que de rester avec son frère !

Quand elle mentionna ma bouteille, je me rapprochais pour regarder l’étiquette, comme si la réponse se trouvait dessus. Mais il n’y avait rien, forcément, alors je relevais les yeux vers Jess. « Hum non, c’est la seule qui reste. Mais tout ça c’est de la faute de cet enfoiré de Logan, c’est lui qui m’a traîné ici et avec ses idées à la con, on se retrouve vite à enchaîner les verres. Résultat, il s’est barré pour sauter une nana et moi je suis là comme un con. » Merci frangin ! « Mais je n’ai pas bu d’eau non. » Il n’y avait pas d’eau ici, pourquoi elle en parlait ? Elle en avait vu ? Moi non en tout cas. Elle me conseilla de boire plus souvent, grosse erreur. « Oh non ! A chaque fois ça me fout dans la merde. Quand je suis bourré je parle trop, y’a des secrets qui sortent tout seul ! J’te jure, je contrôle plus rien, c’est comme si mon cerveau se mettait en veille mais ma bouche continue de parler. Quoi que, c’est la bouche qui parle ou c’est la langue ? » Question existentielle bonjour ! Bah peu importe hein ? On s’en fout n’est-ce pas ? Elle m’expliqua pourquoi elle était là, elle voulait savoir pourquoi j’avais ce sachet de drogue dans ma poche l’autre jour. Et elle voulait des excuses. Je penchais la tête sur le côté le temps de me remémorer ça. C’était assez flou, mon cerveau se noyait sous l’alcool. « Le sachet de drogue… Hum. » Je réfléchissais, vraiment. « Ah oui ! C’était pas à moi, je me drogue pas. Je la vends. » Je hochais la tête pour approuver mes paroles. « Mais chut hein ! Faut pas le dire ! » Je mis mon doigt devant ma bouche pour l’inciter à ne pas en parler. Si ça arrivait aux oreilles de Scott, il allait me tuer. « Je ne touche pas à cette merde, quand je vois dans quel état sont mes clients... Je crois que j’étais vexé l’autre jour quand tu as cru que j’étais comme eux. Donc ben… Désolé si je t’ai mal parlé. Disons que ça m’a fait chier que tu tombes dessus aussi. C’était pas vraiment prévu au programme. Tout comme me faire griller. Mais tu le dis pas, hein ? Non parce que j’ai pas envie de retourner là-bas, un an ça m’a suffi. » Ouais la prison merci mais non merci, j’avais donné à ce niveau là. « Ok ? » Il fallait qu’elle me le confirme pour que je sois sûr. Parce que les gens de confiance ne trahissent pas leur parole. Je lui adressais même un sourire pour achever de la convaincre de garder ça pour elle.

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Jess & Thomas

J’étais censé passer la soirée avec mon frère, mais monsieur avait trouvé mieux à faire en cours de route. Heureusement pour moi – ou malheureusement, je ne sais pas trop – je n’étais pas resté seul bien longtemps parce que Betty Boop était arrivée peu de temps après. Plutôt bon timing. « Je me réjouis oui ! » Et pour le lui prouver, je lui adressais mon plus beau sourire. Si c'était pas beau ça ! Je lui expliquais comment je m’étais retrouvé ici par la faute de mon frère et elle voulait soudain le remercier. « Ben pourquoi ? » Pourquoi vouloir lui dire merci ? Il m’avait lâché comme une merde, en quoi c’était bien ? Je ne voyais pas trop là pour le coup. Mais au pire, tant pis hein ? De toute façon, le temps que Logan revienne je n’allais probablement plus y penser. Non au lieu de ça, je me posais des questions existentielles pour savoir quel organe servait à parler. On est d’accord, on s’en fout aussi. Pourtant, ça m’intéressait de le savoir. « La voix… Peut-être bien. » Possible aussi après tout ! Cependant, elle amena bien vite le sujet qui nous avait amené à rompre tout contact. Le sachet de drogue qu’elle avait trouvé dans ma poche la dernière fois qu’on s’était vus. C’est vrai que depuis, on ne se donnait plus de nouvelles. Et c’était bizarre parce qu’on avait quand même l’habitude de se voir assez souvent.

Une fois que j’eus fini de balancer tout plein de truc sur moi, elle revint sur quelque chose que j’avais suggéré. La prison. « Ouais, mais c’était y’a longtemps, j’avais 19 ans. » ça remontait à assez loin. Et ça m’avait clairement vacciné de l’endroit et des flics en règle générale. Déjà qu’on ne les aimait pas beaucoup dans la famille. « Oh si il marche bien. Mais nos prix ne sont pas chers donc c’est pas suffisant pour que mon frère paye tout ce qu’il doit en tant que patron et proprio. Disons que ça fait un bonus super intéressant. » Scott avait justement baissé les prix du garage pour attirer les clients parce qu’il savait qu’il avait un autre business qui rapportait gros derrière. Tout n’était que stratégie commerciale. Scott avait le sens des affaires. Jess posait soudainement beaucoup de questions ! « Nan, j’étais pas encore au garage à cette époque là. Je ne bossais pas. En fait, je traînais devant une épicerie avec une amie. Hum non, c’était pas vraiment une amie. C’était… » Dylan était quoi en fait ? J’en savais foutrement rien. Je haussais les épaules. « Bof, j’sais pas, je crois que je l’aimais bien. A ce moment là en tout cas. Bref, on s’emmerdait et elle avait besoin de trucs alors on est allé dans l’épicerie et elle a sorti un flingue pour braquer le caissier. On a pris quelques trucs, de la bouffe principalement. Avant de partir, elle est retournée dans les rayons parce qu’elle avait oublié des clopes et elle m’a filé son flingue. Sauf que les flics se sont pointés et m’ont embarqué. Dylan s’est tirée comme une pute. Et j’ai pris un an. » Je n’avais pas été très malin ce jour-là, mais bon on ne pouvait pas changer le passé. « A ma sortie, je trouvais pas de boulot alors Scott m’a embauché au garage. Et au bout de quelque temps, je suis tombé sur son business nocturne. » Jess n’allait pas regretter sa soirée, je lui servais toute l’histoire de ma vie sur un plateau d’argent. Il ne lui manquait plus que mon enfance de merde. En tout cas, ça avait l’air de vachement l’intéresser.

Sa question sur les clients susceptibles de nous balancer me fit rire. « Tu t’inquiètes ? C’est mignon. » Avec un sourire, je touchais le bout de son nez avec mon index. Pourquoi ? Aucune idée, c’était drôle. « Y’a pas de risque, mon frère a trop d’influence dans le domaine. C’est comme un boss dans les jeux vidéo, il a trop de relations pour qu’on vienne foutre la merde dans son business. On n’emmerde pas les Hawkins, on a une certaine réputation dans cette ville. Personne ne prendrait le risque de se foutre mes frères et moi à dos. Scott a le bras long, Logan est un cinglé de la batte, Josh est un fou furieux quand il pète un câble et Sam… Hum Sam aime bien chercher la merde, quel petit con celui-là. Et puis se bastonner c’est le métier de Logan, limite il n’attend que ça que quelqu’un vienne foutre le merde chez nous. Donc non, personne ne prendra le risque de nous balancer mon frère ou moi parce qu’ils connaissent notre famille, même si Logan est pas au courant de ce qu'on fait avec Scott, ni personne d'autre en fait. » Ouais là par contre, il va pas falloir balancer à mes autres frères et soeurs. Scott me tuerait. « Et celui que j’ai tabassé, ben il est venu ramper à mes pieds deux jours après pour avoir sa came. Il avait la thune cette fois. Les camés sont trop dépendants, ils feraient n’importe quoi pour avoir leur dose. » Et même s'ils balançaient, il n’y avait aucune preuve de notre trafic dans nos appartements respectifs. Tout était dissimulé dans une pièce cachée sous une trappe au garage. Scott avait aménagé une pièce secrète sous l’atelier. « Mais t’inquiète, même si j’ai une famille de tarés, personne te fera jamais rien. » Je m’étais senti obligé de rajouter cette précision, après tout, ma famille pouvait faire flipper les gens quand on en parlait. Je me penchais vers le feu pour attraper une petite branche qui brûlait sur le bout. On dirait une bougie. « J’ai jamais soufflé de bougie. » Je tournais la tête vers elle en souriant pour tenir la branche devant elle. « Souffle pour ton anniversaire ! » Je ne savais pas quand c’était mais j’avais une bougie sous la main, c’était l’occasion !

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Jess & Thomas

Elle voulait remercier mon frère parce que grâce à lui j’étais plus détendu. Est-ce que c’était vraiment le bon mot ? Est-ce que j’étais détendu ? Disons plutôt que j’étais complètement torché mais ça revenait presque au même. Presque. « Oh. » Dans tous les cas, je voyais bien ce qu’elle voulait dire. J’étais beaucoup plus sur la réserve en temps normal. M’ouvrir trop et m’attacher aux autres m’avait coûté cher par le passé. Un an de prison pour être précis. Alors depuis, j’étais bien plus distant avec tout le monde. Malheureusement avec un peu trop d’alcool dans le sang, j’avais la langue bien pendue. Un peu trop. Voilà pourquoi je faisais attention quand je buvais. Je savais encaisser l’alcool, je le tenais même plutôt bien mais avec ce fourbe de Logan… On oubliait bien vite de compter les verres tant il savait manipuler son monde. Quelle ordure celui là. Du coup, je balançais tous mes petits secrets à Jess, sans la moindre retenue. Au fond de moi, je savais que j’allais regretter chaque mot qui sortait de ma bouche quand je serai de nouveau sobre. Mais à l’heure actuelle, ça ne me posait aucun problème. Je déballais tellement de choses que je ne me rendais même plus compte de ce que je disais. Lorsque je me stoppais après avoir raconté la raison de mon séjour en prison, elle revint sur le nom que j’avais malencontreusement glissé dans le récit, comme avec Sam. Je haussais un sourcil, plutôt surpris qu’elle connaisse aussi Dylan. S’il s’agissait au moins de la même personne. « Hum ouais, c’est un portrait plutôt pas mal. Dylan Emerson c’est son nom. J’savais pas que tu la connaissais ? Tu la connais d’où ? Elle est vieille. » Plus vieille que nous en tout cas. Je ne les voyais pas trop copines. Bon à en juger par les mots qu’elle avait employés pour la décrire, ce n’était effectivement pas le cas.

Le sujet dévia sur nos activités au garage et je rassurais son inquiétude avec la réputation de ma famille. Il fallait être suicidaire pour chercher la merde avec un Hawkins. Combien de fois Sam avait foutu sa merde exprès pour qu’on rapplique tous ? Bien trop souvent pour les compter. Sans oublier que Louna était championne pour ça aussi. Cependant, malgré tout ça, le sujet Dylan revint sur le tapis. « Hum non, enfin si, ils lui tomberaient sans doute tous dessus, fille ou pas. Ce qu’elle a fait est beaucoup trop grave à leurs yeux pour qu’ils soient regardant là-dessus. Ça nous a foutu un sacré coup à tous à l’époque… Mais je ne leur ai jamais dit. Je les connais, ils deviendraient fous. En général, il y en a toujours un pour calmer les autres quand un règlement de compte va trop loin, c’est souvent Josh ou Scott, voire ma sœur Clara si elle finit par se pointer. Mais là… Y’aura absolument personne pour calmer le jeu. Techniquement, ils pensent que j’étais tout seul ce jour-là. » Techniquement parce que Sam connaissait la vérité et que Scott s’était toujours montré suspicieux là-dessus. Enfin, je savais que le jour où l’un de mes frères aînés apprenait pour Dylan, ce serait fini pour elle. Même Clara voudrait sans aucun doute l’étrangler de ses mains.

Après tout ce que je lui avais raconté, je m’étais senti obligé de la rassurer sur le fait qu’il ne lui arriverait jamais rien. Pourquoi ma famille s’en prendrait à elle ? Il n’y avait aucune raison. A part peut-être Louna qui viendrait faire chier le monde si elle voyait Jess avec moi quelque part mais à part ça, rien de particulier. Mes frères n’en avaient rien à foutre des filles que je côtoyais. L’inverse en revanche n’était pas vrai. Les mecs qui tournaient autour de mes sœurs n’étaient pas bien vus du tout. L’un de nous parvenait toujours à les faire fuir, d’une manière ou d’une autre. J’avais déjà vu Scott menacer un prétendant de Clara en énumérant calmement ce qu’il lui ferait, Josh en regarder un tellement froidement pendant de nombreuses minutes qu’il le fit fuir et Logan avait déjà donné un malencontreux coup de batte dans le genou d’un autre en assurant que ce n’était rien en comparaison à ce qu’il recevrait s’il fréquentait encore notre sœur. Chouette famille. Je souris à sa remarque pour finalement hausser les sourcils lorsqu’elle souligna que je tenais à elle. « Je m’en préoccupe pas c’est … J’sais pas. C’est juste pour pas que tu flippes… » Enfin je crois. Est-ce que je tenais à elle ? « Pis, je t’aime bien comme fille. T’es cool, pas trop chiante. T’es pas chochotte non plus. » Venant de moi, c’était des compliments et c’était terriblement rare ! J’aimais bien Jess, je devais le reconnaitre et mine de rien, elle m’avait manqué ces derniers mois. Même si je n’allais pas l’admettre. Et puis quoi encore ?

Sans m’en rendre vraiment compte, j’avais attrapé une branche enflammée du feu pour la ramener vers moi et la comparer à une bougie. Mon aveu sembla la surprendre. Je tournais la tête vers elle, moi-même surpris par sa réaction. Est-ce que mes parents étaient allergiques aux bougies ? « Non, ils sont pas allergiques. J’crois pas. Mais non, je déconne pas. On n’a jamais rien fêté avec mes géniteurs. Tu sais, toi ton père t’a kidnappée, moi j’ai toujours mes parents mais c’est pas forcément mieux. Ils n’ont jamais servi à rien, à part faire des gosses. On a été élevés par mon frère aîné et ma grande sœur. Mon connard de géniteur, à part picoler devant la télé, nous gueuler dessus et nous en mettre plein la gueule pour un oui ou pour un non, il n’a jamais rien fait de sa vie. Je considère plus mon frère Scott comme mon père et ma sœur Clara comme ma mère. » Je n’avais absolument pas eu une enfance comme tous ces foutus gosses de riches. Loin de là. Enfin bref, au moins elle pouvait souffler elle ! Même si j’étais en avance visiblement. Elle souffla quand même et me proposa d’en faire de même. Immédiatement, comme un gosse un sourire illumina mon visage. Dans ma vie, j’avais rarement soufflé des bougies sur un gâteau d’anniversaire. Jamais dans ma jeunesse déjà. Ensuite j’étais allé en prison et à ma sortie, je n’avais jamais vraiment eu la tête à ça. Clara avait souvent essayé de tous nous réunir pour les anniversaires mais c’était compliqué. Il en manquait toujours à l’appel ou ça partait en vrille à cause de Louna et Josh principalement. Le seul moment où on arrivait vraiment tous à se réunir, c’était pour le réveillon de Noël parce que Clara insistait et qu’elle cuisinait divinement bien. Je la regardais se pencher pour enflammer le bout de la branche et la ramener devant moi. Sans me départir de mon sourire, je soufflais un bon coup dessus pour l’éteindre. J’avais la sensation que ce simple geste allait marquer un tournant dans ma vie. Elle proposa qu’on recommence à se voir, à condition que je sois d’accord une fois sobre. Je n’avais pas besoin de réfléchir longtemps à la question, bourré ou non, ma réponse serait la même. Un léger rire m’échappa. « Pourquoi je ne serais pas d’accord ? Ce serait cool ouais. Et puis, je n’ai pas eu le temps de beaucoup profiter de tes nouveaux sous-vêtements ! » Ils n’étaient sans doute plus nouveaux depuis le temps mais ils l’étaient pour moi, je ne les avais vus qu’une seule fois. Je me levais pour passer une jambe de chaque côté du rondin et me déplaçais pour me rapprocher d’elle et être suffisamment proche pour glisser ma main sur sa nuque pour venir l’embrasser. J’avais eu envie d’un seul coup. Je posais mes mains sur ses cuisses en m’écartant ensuite légèrement. « Et au fait ta sœur ? Tu l’as revue ? Et tes parents ? » Ça aussi, ça m’était venu d’un coup.

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Jess & Thomas

C’était bizarre de se dire que Jess et Dylan se connaissaient. Elles avaient des points communs, notamment leurs caractères bien trempés, mais il fallait bien reconnaitre que le monde était petit. Moi qui avais pensé que Dylan avait foutu le camp depuis bien des années, j’avais eu la surprise de tomber sur elle récemment et maintenant j’apprenais qu’elle connaissait Jess. C’était surprenant. Pourtant, même si leur caractère était similaire, il semblerait qu’elles ne s’apprécient pas. Du moins du côté de la brune. « Pourquoi ? » Est-ce que Dylan lui avait fait un sale coup aussi ? C’était possible ! Moi elle m’avait bien envoyé en prison. Bien sûr que je la tenais encore pour responsable ! Mais je ne pouvais pas l’avouer à ma famille. Même si elle m’avait fait perdre un an de ma vie derrière les barreaux, je ne voulais pas qu’ils lui tombent tous dessus. Ce serait un peu déloyal et je connaissais ma famille. Scott ou Logan la buterait. Sans remords. Voire même chacun d’entre eux en fait. Est-ce que pour autant je la protégeais ? « Non mais… » Peut-être que oui, indirectement. « Je connais ma famille. Pas super envie que l’un d’eux finisse en taule pour meurtre. Déjà que la plupart d’entre nous risque d’y aller tous les jours. » Pas la peine d’aggraver notre cas ! Scott et moi ne menions pas des activités très légales. Logan non plus. Donc inutile de rajouter Dylan au tableau. La question suivante en revanche me laissa silencieux. Est-ce que j’avais de l’affection pour Dylan ? Qu’est-ce que ça voulait dire exactement avoir de l’affection pour quelqu’un ? J’avais de l’affection pour ma famille oui, je ferais n’importe quoi pour eux. Qu’en était-il de Dylan ? Je haussais les épaules. « J’en sais rien. » J’essayais de réfléchir à la question mais impossible de trouver une réponse. L’alcool n’aidait pas. Oui ? Non ? Peut-être ? Peut-être pas ? « Je ne trouve pas la réponse là. » Le flou total. « J’ai pas les idées assez claires pour répondre à ça ! »

Jess était une fille que j’aimais bien mine de rien, et avec qui j’aimais passer du temps. En général, on couchait ensemble à chaque fois qu’on se voyait, donc forcément ça jouait beaucoup. Mais au-dessus de ça, je l’aimais bien. Il était bien rare que j’apprécie quelqu’un en dehors de ma famille. Elle faisait partie de ces rares exceptions. Je la trouvais même vachement mignonne et adorable quand elle pencha sa tête sur le côté en souriant. J’avais envie de la prendre dans mes bras. Lorsqu’elle caressa ma joue en précisant qu’elle m’aimait bien elle aussi, un grand sourire illumina mon visage. Ça me faisait plaisir de l’entendre dire ça. Vraiment. « T’es mignonne. » Enfin, elle était même plus que ça, Jess était une véritable bombasse. Mais là actuellement, elle était mignonne, dans son comportement. Cependant, son sourire disparut quand je lui racontais vite fait mon enfance. Je n’avais pas eu des parents exemplaires, loin de là. Heureusement que mes frères et mes sœurs avaient remonté le niveau. Sinon, je ne sais pas ce que je serais devenu. Elle avait l’air choqué et mit quelques secondes à revenir parmi nous. « On aurait de bonnes chances de gagner ouais. » Si un tel concours existait on raflerait la mise ! Elle but quelques gorgées à la bouteille et je la récupérais pour en faire de même quand elle me la tendit. Je secouais la tête pour répondre négativement à sa question sur l’amour parental. « Ma sœur a toujours aimé s’occuper de nous, même des plus grands. Elle a surement l’instinct maternel que ma mère n’a jamais eu. Encore maintenant, elle s’occupe de nous. Elle fait toujours à manger pour tout le monde. Surtout pour moi. Elle aime bien cuisiner, elle est cuistot dans un resto étoilé. Après, si tu parles de câlins et compagnie, j’ai ma petite sœur qui me prend pour sa peluche à longueur de temps. » Pour le reste, non pas de preuve d’amour comme dans les films. Mais on n’avait pas besoin de ça. On s’aimait tous à notre façon. « Les filles Hawkins sont plus démonstratives que les mecs à ce niveau là. » Ouais, j’avais du mal à imaginer Scott en père modèle à prendre ses gosses dans ses bras à tout bout de champ. « Mais j’crois que toutes les filles sont comme ça. » En règle générale, les filles faisaient plus facilement des câlins que des mecs ! Ce n’était pas propre à Louna et Clara.

« Ouais c’est lui. C’est Scott. » Jess l’avait déjà vu ? Est-ce qu’elle était déjà venue au garage ? J’avais déjà vu sa sœur oui, mais elle ? Du coup, je n’en étais plus très sûr. Ça me fit légèrement rire quand elle mentionna que sa meilleure amie aimait bien mon frère. « Tout le monde aime Scott. » Enfin, sauf les mecs à qui il cassait la gueule, mais en général il passait bien partout. Même Logan devait l’aimer au fond de lui ! « Ah mais peut-être qu’elle l’aime bien… bien bien beaucoup quoi ! » Je n’avais pas pensé à ça ! Scott ne m’avait pas parlé d’une femme en particulier. En même temps, ce n’était pas trop un sujet qu’on abordait dans la famille. Donc ça n’avait rien d’étonnant quand on y réfléchissait. Pour ce qui était de remettre le couvert avec Jess j’étais loin d’être contre, bien au contraire ! Et j’étais même impatient de découvrir ses nouveaux dessous ! « J’en doute pas ! Et tu m’as manqué mine de rien. » Encore une fois, mes paroles étaient sorties sans filtre. Oui, elle m’avait manqué, mais je n’étais pas le genre à dire ce genre de chose à haute voix ! Je n’étais pas du tout du genre sentimental, loin de là. Il fallait vraiment que j’arrête de boire.

Je m’étais tourné dans son sens pour l’embrasser et je lui demandais des nouvelles de sa sœur. Je savais que la situation était particulière et ça devait être bizarre de se faire à l’idée qu’une copie conforme de soit se baladait dans la même ville. Je l’écoutais sans rien dire, tentant de rester concentré sur ses paroles. Ce n’était pas chose facile dans mon état. « Parfois les frères et sœurs sont plus importants que les parents. Je suis bien placé pour le savoir. Apprends déjà à connaitre ta sœur, les parents attendront. » Bon quand on parlait de parents, ils avaient forcément une mauvaise connotation dans ma tête alors je n’étais pas de meilleur conseil à ce niveau là. Enfin, est-ce qu’on pouvait dire que je savais donner des conseils en règle générale ? « Tu es majeure, tu n’as pas besoin de l’approbation de qui que ce soit. Je me suis toujours dit que j’étais maître de mes choix, de mes décisions. Je l’ai longtemps pensé. Mais je me suis rendu compte depuis ma sortie de prison que j’avais souvent besoin, inconsciemment ou pas, de l’approbation de Scott pour certaines choses. » Je haussais les épaules. « C’est pas une référence ni un modèle à suivre, mais j’sais pas j’ai envie de le rendre fier, même si c’est pas mon père. Y’a pas quelqu’un que tu veux rendre fier dans ta vie ? Pas forcément de la famille. Peut-être des amis ? » J’imaginais qu’on avait tous plus ou moins un modèle à suivre dans la vie, quelqu’un qu’on voulait rendre fier de soi, d’une façon ou d’une autre. « Malgré tout, je me sens quand même libre de faire ce que je veux. » C’était assez paradoxal, certes. Mais Scott n’était pas mon père. Moins de pression sans doute. « Tu connais d’autres personnes de ma famille ? » Ouais je passais du coq à l’âne mais il n’y avait pas vraiment de fil conducteur logique dans ma tête là. « Je suis content que tu sois là. » Preuve encore une fois que mes pensées partaient dans tous les sens. Je me rapprochais d’elle pour passer mes genoux sous ses cuisses et remonter mes mains sur sa taille. J’avais envie de la sentir proche de moi.