Tout est une question de moto ~ feat. Keith Hamilton

Le paysage défile devant mes yeux, alors que je roule à toute vitesse sur une longue et droite route. J’adore ce type de route, où je peux pousser ma merveilleuse petite moto au maximum de sa puissance. Ça n’est pas toujours légal, mais bon… Je ne me suis encore jamais fait arrêter. Enfin, ce n’est pas bien dur, ça ne fait que quelques mois que je suis ici. Melbourne … Avec Achille, on avait rêvé de s’y installer. Enfin, non. On avait rêvé d’aller en Australie. Il voulait découvrir la capitale, je préférais aller à Sydney, la plus grande ville du pays. Quand j’ai pris mon billet d’avion, j’ai longtemps hésité. J’ai failli partir au Japon, mais finalement j’ai choisi Melbourne. Je dois être maso, y’a pas d’autre solution. Sérieux, aller dans une ville que mon copain décédé rêvait de découvrir ? Et moi qui n’en pouvait plus de mes cauchemars …
Bref ! Arrêtons de remuer des idées noires et regardons plutôt ce magnifique paysage. La musique diffusée par mon casque Bluetooth – le tout dernier, le plus récent, une petite merveille de technologie ! Sa principale fonction, à part de protéger, est de pouvoir discuter avec les autres motards pendant qu’on roule, mais il n’y a jamais personne avec moi, donc j’utilise son port Bluetooth intégré pour écouter de la musique. Bref, le son d’Imagine Dragons résonne dans mes oreilles et dans mon crane. I Bet my Life, une chanson qui me correspond bien, tient.
Je roule depuis longtemps, tellement longtemps que je ne me souviens plus de quand je suis partie. Je remarque le ciel qui rosit, et je décide de rentrer, d’autant plus que je n’ai presque plus de carburant dans mon réservoir. Et ça me ferait vraiment chier de devoir pousser ma moto jusqu’à mon appartement.
J’entre dans la ville et m’arrête à la première station que je trouve. Je me place à côté d’une pompe à essence libre, je descends de ma moto, enlève mon casque, secoue mes cheveux qui se déroulent dans mon dos et jette un coup d’œil autour de moi. Et là … Là, je reste figée, les yeux fixés sur mon voisin. OH MON DIEU. C’est pas possible. J’ai été frappée par un coup de foudre. Un vrai coup de foudre, vrai de vrai, comme on les raconte dans les livres. Ghaaaa … Mon cerveau se met en mode off, je ne vois plus rien que l’objet de mon nouveau désir.
Puis je remarque un jeune homme, plutôt bien foutu, qui a l’air d’être l’heureux propriétaire de la moto qui me fait fantasmer. Aussitôt, je l’aborde, avec un grand sourire plein de dents histoire de le mettre en confiance :
- Bonsoir ! Dites, c’est quoi comme marque votre moto ? Elle est magnifique ! D’habitude, je ne jure que par les Kawasaki, parce que c’est de la qualité high level, mais je veux bien faire une exception pour celle-ci parce que son design est absolument MAGNIFIQUE ! Elle a quoi comme type de moteur ? Et les freins, c’est des originaux ou vous les avez remplacés ? Et …
Et je continue mon babillage, sans reprendre mon souffle, en tournant autour de la bécane avec les yeux d’un enfant le matin de Noël. Je plains le gars en face de moi, quand je suis lancée sur ce sujet le seul moyen de me faire taire c’est de se barrer en courant et de cacher la moto. Et encore, la dernière fois j’ai suivit le gars jusque chez lui pour lui poser d’autres questions. Bref, mon cerveau est branché en mode moto et j’inonde le pauvre gars de paroles, auxquelles il ne doit rien comprendre vu sa tête. Il faudrait peut-être que je me taise, moi, si je veux qu'il puisse répondre à mes questions. Donc je ferme la bouche en plein milieu d'une phrase (sur la qualité des phares et le nombre de fois qu'il a dû changer d'ampoules, question très importante quand on parle d'une moto) et le regarde avec de grand yeux interrogateurs. Un peu le même genre que les yeux de l’écureuil dans l'Age de Glace. Un regard mignon, quoi. Un peu (beaucoup) fou, mais mignon. Bref. J'attends sa réponse.

@Keith Hamilton